Témoignage de volontaire pendant le COVID-19

6 Avril 2020
Domitille est confinée à Salzbourg, en Autriche

Partie avec le CIDJ dans le cadre du Corps européen de solidarité (CES), Domitille raconte son confinement en Autriche :

" En Autriche, le confinement s’est organisé la veille de celui en France, c’est-à-dire le lundi 16 mars. Il est cependant moins strict et plus libre que le français : nous sommes encore autorisés à sortir pour se balader dans la nature, sans limite géographique, et nous n’avons aucune attestation à imprimer pour justifier notre présence à l’extérieur.

Pour ma part, j’habite dans une résidence étudiante, et nous sommes une vingtaine à y être restés pour le confinement. Tous ceux qui avaient la possibilité de rentrer chez eux l’ont fait, je suis donc essentiellement avec des étudiants Erasmus. On partage la cuisine, mais on a chacun notre chambre et notre salle de bain. On se croise parfois à l’heure des repas, mais peu restent dans la cuisine pour y manger.

Mon projet s’est arrêté momentanément le vendredi 13 mars : je travaille habituellement dans un centre de jeunes, il a donc fermé pour éviter la contagion, en même temps que les écoles. Je suis donc en “vacances prolongées”, pour quelques semaines, on ne sait pas encore combien de temps exactement. J’ai longuement réfléchi sur le fait de quitter l’Autriche pour revenir en France pour cette période de confinement. Mais le retour était très compliqué, car la frontière a été longtemps fermée, malgré le discours du président français, et les billets de train ou encore d’avions étaient très chers. De plus, faire un aussi long voyage implique une contagion presque certaine lors de celui-ci, et j’aurais dû alors me mettre en quarantaine à mon arrivée en France. Par ailleurs, le système de santé est un des meilleurs en Autriche : l’organisation pour cette crise est irréprochable, avec une prise en charge des malades très rapide. Les gens sont aussi très responsables ici, à la différence de la France. Par exemple, avant même les mesures de confinement, plus personne ne sortait dans les bars ni dans les boîtes, et la ville était quasiment vide. Mais la principale raison pour laquelle je suis restée en Autriche est que quitter mon projet maintenant aurait peut-être été définitif, dans la mesure où il est censé se terminer début juillet, et que l’on ne sait pas jusqu’à quand les mesures de confinement vont être maintenues, et que mon retour en Autriche aurait sûrement été impossible…

Aucun des volontaires ici à Salzbourg n’est rentré dans son pays natal. Nous sommes une petite vingtaine ici, comme une grande famille. On sait qu’on peut chacun compter les uns sur les autres. Selon les projets, certains continuent à travailler, d’autres en télétravail, ou encore d’autres en “vacances”, comme moi. On s’appelle souvent, parfois on fait des conversations de groupe, on joue à des jeux, c’est plutôt marrant. Le confinement n’est donc pas trop difficile à vivre, Salzbourg est une ville de taille moyenne, et j’habite à côté de la rivière et la nature n’est vraiment pas loin. Il faut juste se trouver une routine, faire un peu de sport le matin, réapprendre à cuisiner, appeler la famille et les amis, regarder des films…

Mais le plus dur pour moi, c’est d’être à distance de mes proches. Ma mère est infirmière, et tous les jours je m’inquiète pour elle, mais aussi pour mes grands-parents, et tout le monde en général, et je sais que je m’en voudrais toute ma vie s’il arrive quelque chose à quelqu’un et que je n’aurais pas pu être là ".

 

Domitille a participé à notre série de photos #amafenetre,

 

 

Publié par : Centre d'Information et de Documentation Jeunesse (CIDJ)