Témoignage de Lisa, volontaire de l’Aide de l’UE en Equateur

27 Novembre 2017

En volontariat à Guayaquil depuis 2 mois, Lisa a été recrutée par l'UE et 2 associations équatorienne et française pour travailler sur la gestion des risques. Elle parle de son quotidien en Amérique Latine.

 

· Bonjour Lisa, peux-tu te présenter en quelques mots ?

J'ai 27 ans, je suis Française et après un parcours plutôt professionnalisant dans la prévention des risques professionnels (DUT, licence pro), j’ai obtenu un master Prévention des risques naturels et industriels en 2014.

 

· Que fais-tu et pour combien de temps es-tu en Equateur ?

Je suis volontaire de l’Aide de l’UE à Guayaquil sur un projet qui vise à sensibiliser la population aux risques naturels. Cette mission a débuté le 31 aout 2017 et se terminera le 31 décembre 2018.

 

· Pourquoi as-tu postulé pour ce volontariat ?

Ça me trottait dans la tête depuis la fin de mon master. J'avais déjà fait des recherches mais les places sont chères et même en volontariat, les ONG demandent un minimum d'expérience, ce que je n'avais pas à l'époque. Alors, j’ai travaillé pendant 1 an et demi en tant que responsable Hygiène Sécurité Environnement dans une exploitation forestière en Guyane française avant de démissionner en février 2017. J’ai pris un peu de temps pour réfléchir à mon avenir, profiter de ma famille et de mes amis et voyager en Asie. En démissionnant, je savais que c'était le moment ou jamais pour réaliser ce volontariat.

 

· Quelles démarches as-tu entrepris pour participer à ce programme de volontariat ?

En consultant le site de Coordination Sud qui recense des missions de solidarité internationale, je suis tombée sur cette offre de La Guilde Européeenne du raid en partenariat avec l’association Franco-équatorienne Ecuasol. J'ai été redirigée sur la plateforme des volontaires de l’aide de l’UE pour postuler car tout y est centralisé. Pour candidater, l'UE vous demande de remplir un certain nombre de documents avec vos expériences. Les offres paraissent pendant 1 mois puis se clôturent. J'étais en voyage au Vietnam lorsque j'ai postulé à cette offre. Il y avait d'autres missions sur la même thématique avec d'autres organismes au Cambodge, en Ouganda ou à Katmandou mais chaque candidature est unique et l'Equateur me semblait recenser tous les dangers (volcans, séismes, inondations, El Niño, tsunamis, glissements de terrain, incendies), donc je n’ai postulé qu’au projet Equatorien.

 

· Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où tu as eu envie de partir et le jour de ton départ ?

L'offre est parue en mars, j'y ai postulé et 3 semaines après je réalisais mon entretien avec la personne de La Guilde. A la suite de cette pré-sélection, j'ai réalisé 2 semaines de formation aux Pays-Bas début juin avec l’UE sur différents modules, des premiers secours à la gestion de projet. Cette formation était en anglais, nous étions une quarantaine de citoyens européens de 20 à 70 ans potentiellement déployables sur différents projets de développement international dans différents pays. Cette formation permet à l'UE de nous donner les bases et de tester notre esprit critique, d'analyse, notre adaptabilité… Dans notre groupe, tout le monde a passé la formation. Par la suite, j’ai été convoquée à Paris pour une formation de pré-départ de La Guilde pendant 2 jours. On nous a expliqué le projet plus en détails, attribué nos villes de déploiements, nous avons rencontré un médecin qui nous a parlé des risques, le représentant culturel de l'ambassade d'Equateur et entamé les démarches pour notre visa. 

 

· Quelles sont les conditions à connaître pour les jeunes qui souhaitent postuler à ce programme ?

Il faut être motivé ! Les offres vont de 1 mois à 18 mois. Il faut être disponible pour les 2 semaines de formations de l'UE et pouvoir être déployable dans les 15 jours qui suivent cette formation, en théorie. Dans les faits, on a été déployé dans le mois ou dans les 2 mois qui ont suivi.

 

· Quelles sont tes premières impressions ?

L'Equateur est un pays incroyable ! Divisé en 4 parties – l'Amazonie, la sierra (les Andes), la côte et les Galapagos (partie à part entière) – c'est un pays qui offre une diversité énorme dans les paysages, la nourriture, les cultures et coutumes, les savoir-faire... Si bien qu'on a l'impression de changer de pays à chaque partie ! Les équatoriens nous ont très bien accueilli et nous ont accompagné pour nos recherches d'appartement ou de contacts professionnels. 

 

· Où et comment vis-tu ?

Je vis à Guayaquil avec mon binôme de travail qui vient d'Italie. Nous partageons notre appartement qui est aussi notre bureau. Etant sur un projet pilote, nous sommes arrivés à Guayaquil avec une page blanche. Après 1 mois à l'hôtel, nous avons choisi notre appartement dans un endroit calme de Guayaquil. Ici tout se fait de bouche-à-oreilles, très peu d'offres apparaissent en ligne, il faut donc toquer aux portes, composer des numéros, ne pas hésiter à aller chercher l'info, pas toujours facile à trouver ! Aujourd'hui nous sommes installés et poursuivons notre phase d'investigation sur la ville, son contexte et ses enjeux face aux risques naturels. Le rythme est très lent en Equateur et notre patience est mise à rude épreuve ! Mais on s'adapte petit à petit, on élabore des outils de travail, et on prend nos marques.

 

· Es-tu la seule Française ou européenne là-bas ?

Mon binôme à Guayaquil est italien mais nous sommes en tout une quinzaine de volontaires de l’Aide de l’UE répartis dans différentes villes d'Equateur pour le projet. On essaie de se réunir une fois par mois pour pouvoir échanger et se retrouver pour s'amuser et découvrir le pays. Comme nous avons déjà fait les formations aux Pays-Bas et à Paris, on se connait déjà un peu et on s'entend très bien. A Guayaquil, l'Alliance Française a une très belle programmation culturelle et en m'inscrivant au Consulat de France à Guayaquil, j'ai pu exposer le projet et récupérer beaucoup de contacts français en lien (ou pas) avec la thématique.

 

· A quoi ressemble une journée type ?

Pour l'instant il n'y a pas vraiment de journée type car nous sommes tributaires des acteurs locaux. Nous prenons des rdv avec les acteurs pour présenter le projet et voir réellement quelles seraient les possibilités pour nous ici. Mais après 2 mois, nous allons rentrer dans une phase d'élaboration d'outils et de méthodologie afin de créer des ateliers, débats, tables rondes pour différents publics. Le plus dur est de composer au rythme équatorien, car on peut ne pas avoir de nouvelles pendant 10 jours et un rendez-vous à 22h pour le lendemain ! Alors question organisation c'est un petit peu compliqué et complètement hors de nos schémas de pensées.

 

· Avais-tu d’autres expériences de volontariat avant de t’engager dans ce programme ?

J'ai été volontaire d'un campus Euro-méditérannéen en France 1 mois avec l'association APARE-CME pour réaliser un topoguide à destination du grand public sur les risques naturels dans la vallée du Mont-Blanc à Sallanches et Courmayeur (Italie). Nous étions une quinzaine de volontaires d'horizons très diverses (anthropologue, informaticien, géomaticien ....) et nous avons créé un guide de sensibilisation à destination des randonneurs. Ce campus également financé par l’UE avait été une expérience très réussie qui m'avait fait découvrir le volontariat.

 

· Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes s’engagent dans des programmes de volontariat (service civique, SVE, VSI, VIE...). Comment l’expliques-tu ?

Ces programmes sont une opportunité pour tous les jeunes qui ne souhaitent pas s'engager dans un premier temps dans la vie active, mais qui cherche une manière de se découvrir tout en voyageant et en s'impliquant dans un projet associatif qui donne du sens, pour se rendre plus utile, trouver sa place et amener un peu de solidarité. Donner de son temps, de ses compétences et des connaissances à des fins d'échanges interculturels.

 

· Est-ce que ce volontariat fait écho à tes études ou à un domaine dans lequel tu aimerais te réorienter ?

Mon expérience professionnelle étant effectivement plus basée sur les gestions des risques professionnels, j'espère avec ce volontariat développer mes compétences et connaissances sur les risques naturels pour continuer à travailler dans ce domaine en France, et peut être plus tard repartir en mission… mais pour l'instant l'idée est de rentrer après quasi 3 ans d'expatriation !

 

· Qu’attends-tu de ce volontariat ?

Je cherche à découvrir le milieu associatif et le développement international pour comprendre les problématiques des pays en développement et contribuer à un projet de collaboration internationale et ainsi apporter mes compétences ici et apprendre de leurs techniques également. C'est l'occasion de me confronter à la réalité du travail ici, aux contextes et enjeux qui sont différents.

 

· Quels sont tes coups de cœur, et inversement tes déceptions ?

Jusqu'à présent, j'apprends beaucoup sur moi et sur le pays, mais parfois c'est un peu dans la souffrance, car leur manière de travailler est très différente et le projet est vierge. Mais quand le manque de motivation me gagne, je prends mon sac à dos et vais me promener pour découvrir le pays. De la même manière, travailler et vivre avec son binôme est parfois oppressant mais tout est une question de rythme et d'harmonie alors on travaille là-dessus pour que chacun y trouve son compte et que ses attentes soient respectées. J'ai eu la chance depuis ces 2 mois de voyager un peu et ai pu avoir un aperçu du pays, de la côte à la selva en passant par la sierra et … ¡qué lindo!  Ma déception ? La nourriture, car la manière de cuisiner est toujours la même et le riz et le poulet sont les rois ! La cuisine de base s'appelle l'almuerzo (le déjeuner) et est servi à midi partout dans le midi. Il coute 2.5$ et contient une soupe chaude (généralement avec un bout de poulet dedans, que tu sois de la côte ou de la Sierra) et le plat : du riz (toujours), un peu de salade mais très peu (!), et du poulet. Ils adorent le sucre, leur pain et leur jus sont toujours sucrés ! Heureusement les fruits poussent à n'en plus finir et je me régale à la maison. En plus notre proprio va m'apprendre à cuisiner avec les produits locaux. C'est mon côté français qui parle :)

 

· Comment est organisé ce volontariat ?

Lorsque nous sommes arrivés, nous sommes restés quelques jours à Quito, où nous avons été accueillis par la première équipe de volontaire de Quito qui est arrivée en février 2017 pour initier ce projet. Nous avons pu rencontrer les différentes partenaires de la fondation et reçu une formation sur le projet, les spécificités équatoriennes notamment la comptabilité et des contacts. Au bout de ces quelques jours nous étions prêts à débarquer à Guayaquil pour le projet. Mais un mois plus tard, début octobre, nous étions tous conviés à Quito pour un rassemblement de volontaires français organisé par France Volontaires, ce qui nous permet de nous réunir mais également de découvrir d'autres volontaires qui travaillent sur d'autres projets. Grâce à cet évènement nous sommes retournés à Guayaquil avec pleins de contacts professionnels et personnels.

 

Plus d'infos :

Publié par : Centre d'Information et de Documentation Jeunesse (CIDJ)